Il y a encore quelques semaines, il n’existait plus. Il était passé sous les radars de l’opinion, éclipsé par la situation rocambolesque de l’Assemblée nationale, chambre de tous les blocages, de toutes les broncas. Il ne gouvernait plus. Il était devenu le témoin de sa propre impuissance, inaugurant une forme de cohabitation inédite avec des gouvernements en stabulation libre, sur lesquels il n’avait aucune autorité. C’était, au fond, une catastrophe pour la V^e République, pour l’image présidentielle. Il n’intéressait plus une grande majorité de Français qui l’avaient déjà passé par pertes et profits.

Et puis, tel un Zorro bondissant, Donald Trump est arrivé. Le tout nouveau et très brutal président des États-Unis a renversé la table des relations internationales, tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, jouant les M. Bons Offices auprès du tyran du Kremlin, pour ne pas dire apparaissant comme le complice de Vladimir Poutine, bousculant aussi tous les codes de bonne conduite instaurés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et, pour corser le tout, humiliant l’Europe avec toute la grossièreté qu’on lui connaît. L’humiliation comme arme de combat.

Face à ce pirate-goujat américain, héraut d’un nouvel impérialisme à ciel ouvert, Emmanuel Macron a repris du service. Il est remonté sur le cheval de l’hyperprésident, en première ligne pour réarmer la France et l’Europe, pour soutenir plus que jamais l’Ukraine, pour prendre la tête de la guerre des tarifs douaniers face à l’ogre de Washington. Il occupe à nouveau tout l’espace médiatique et retrouve des couleurs dans l’opinion.

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La fin de mandat, un supplice chinois

Selon un sondage Odoxa, 29 % des Français estiment qu’il est un bon président. Divine surprise ! Face à la crise internationale que nous traversons, l’effet drapeau a, certes, joué à plein. Le président, chef des armées et de la diplomatie, a, logiquement, repris du poil de la bête. Face à la menace d’une guerre, il reste, en effet, celui qui a le pouvoir d’appuyer sur le bouton nucléaire. Il est celui qui peut, en dernier ressort, protéger les Français. Sacré pouvoir que, visiblement, nos concitoyens ont bien intégré. Ce regain de popularité n’est-il que momentané ?

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Dans son entourage, on pourrait presque rêver qu’Emmanuel Macron finisse son mandat sous une pluie de lauriers, tant son rôle, en ce moment, est prééminent. Et plutôt bien joué. Seulement, il y a un hic, un formidable paradoxe. Ce président qui peut déclencher le feu nucléaire est atteint d’une terrible faiblesse politique : il ne gouverne pratiquement plus son pays au quotidien. La dissolution qu’il a voulue l’a tellement affaibli qu’il ne peut plus peser réellement sur les décisions gouvernementales. Il n’est pas un président fantoche, mais il s’en rapproche dangereusement. À cause aussi, bien sûr, de son départ de l’Élysée en 2027, sans possibilité de rempiler une troisième fois.

Cette inexorable fin de mandat, minée par les guerres de succession qui occupent déjà tous les prétendants, est un supplice chinois pour lui, mais aussi pour les Français, fatigués par l’impuissance qu’ils perçoivent au sommet de l’État. Combien de temps peut-il tenir dans cette paradoxale posture ? Fort dehors, faible dedans… Tant que Donald Trump continue de jouer les matamores de la taxation, que ce Prix Nobel de la paix de pacotille fait la danse du ventre à Vladimir Poutine, Emmanuel Macron va continuer à renaître de ses cendres, tel le phénix. Et, après tout, c’est plutôt une bonne nouvelle pour le pays. Jusqu’à quand ?