Tollé de la classe politique après la prise de parole d’Emmanuel Macron au lendemain de la censure de Michel Barnier. Face à la nation jeudi soir, le président de la République a assuré que son Premier ministre était victime d’un « front antirépublicain » au sein duquel « l’extrême droite et l’extrême gauche se sont unies ». Des propos qui ont profondément « choqué » Lucie Castets, candidate à Matignon pour le Nouveau Front populaire l’été dernier.

« J’ai eu l’impression d’un président de la République qui est à la fois chef de tout mais responsable de rien », a-t-elle déclaré en marge d’un déplacement à Tours. Et de poursuivre : « Je suis aussi extrêmement choquée par le fait que le président de la République déclare que les forces de gauche, qui ont voté pour la censure, ont créé un front antirépublicain quand on se souvient comment ont été élus beaucoup de députés macronistes grâce au barrage républicain. »

« Je ne connais qu’un front antirépublicain, celui donne des gages à l’extrême droite, qui la banalise et qui négocie exclusivement avec elle », a également rétorqué sur X le premier secrétaire du Parti socialiste en réponse au tacle d’Emmanuel Macron sur le « front antirépublicain ».À LIRE AUSSI Emmanuel Macron : tout ce qu’il n’a pas comprisLe secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel, a pour sa part dénoncé sur X « l’insupportable mépris d’Emmanuel Macron pour les Français et la représentation nationale ». « L’intérêt général, c’est d’entendre les salariés, les retraités, les jeunes, les collectivités qui ont rejeté sa politique ! » a-t-il affirmé, appelant à « un pacte social pour répondre aux attentes du pays ».

« Il doit partir », estime LFI

Au sein de La France insoumise, le message est encore plus clair : le président doit démissionner. Emmanuel Macron est « la cause du problème » politique en France et « s’en ira par la force des événements », a assuré le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, jeudi soir sur TF1. « C’est lui qui fiche la pagaille, c’est lui bloque tout et ne veut entendre personne », a-t-il poursuivi en estimant que « dans un mois ou dans deux mois, peut-être, le Rassemblement national finira par se dire qu’il n’y a pas d’autre solution » que le départ du président de l’Élysée, que les Insoumis appellent de leurs vœux depuis l’été.

Même son de cloche pour Clémence Guetté. « Il doit partir », écrit l’Insoumise sur X, pour qui Emmanuel Macron est « l’arrogance faite homme ». Pour l’eurodéputée LFI Manon Aubry, Emmanuel Macron est «  un forcené retranché à l’Élysée. Il est temps de partir ».

« Macron doit s’en aller. C’est inéluctable », renchérit Mathilde Panot sur X. La cheffe de file des députés LFI estime que les Français « méritent définitivement mieux que Macron », qui est « incapable de reconnaître sa responsabilité dans le chaos politique et économique, de dépasser son narcissisme obsessionnel, de comprendre la colère qui secoue le pays ».

« Ça va mal se terminer », prévient Marine Tondelier. La patronne des Écologistes salue néanmoins une « bonne nouvelle ». « Le président de République n’a pas nommé à la va-vite un Premier ministre encore plus à droite », ironise-t-elle sur X.

Raphaël Gluksmann tacle également « l’incapacité totale à se remettre en cause d’Emmanuel Macron ». Sur RTL, l’eurodéputé Place publique confie avoir été « sidéré » pendant « les trois premières minutes » de l’intervention d’Emmanuel Macron. Et de regretter : « Tout le monde est irresponsable sauf lui. La dissolution n’a pas été comprise, car nous ne sommes pas assez intelligents. »

« Faute morale » pour Éric Ciotti

Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, invité de France 2, a déclaré ne pas appeler à la démission d’Emmanuel Macron. « L’alliance qui est indigne, c’est celle entre les macronistes et le Nouveau Front populaire lors des dernières élections législatives », a-t-il néanmoins commenté. L’allié du RN Éric Ciotti s’est, quant à lui, emporté sur X, affirmant qu’« oser parler de front antirépublicain est une faute morale ». Et d’assurer : « La censure est inscrite dans la Constitution de Michel Debré et du général de Gaulle ! »

« La censure n’est pas antirépublicaine, elle est prévue dans la Constitution de notre V^e République », rappelle également la présidente du groupe RN à l’Assemblée, Marine Le Pen, sur X. Dans le camp présidentiel, la ministre démissionnaire de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, s’est, elle, félicitée de la prise de parole du président, qui « a fixé un cap clair pour le pays ». « Nous aurons un gouvernement d’intérêt général, au service des Français, pour poursuivre le travail. »