Informations française: «On n’est pas là pour gommer la sexualité»

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Derrière une scène de sexe réussie au cinéma se cache parfois une coordinatrice d’intimité. La discussion sur la réalité de ce nouveau métier en France était l’un des points forts des Assises pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées le 11 décembre par le Collectif 50/50 à l ‘Institut du monde arabe. Entretien avec Monia Aït El Hadj, pionnière de ce métier en France.

RFI : Vous êtes coordinatrice d’intimité dans le cinéma et l’audiovisuel depuis quatre ans et vous avez travaillé sur des films comme Les liaisons dangereuses ou des séries comme Emilie à Paris. Comment définir-vous votre métier ?

C’est une personne qui va venir soutenir et collaborer avec la mise en scène et les interprètes pour venir créer des scènes d’intimité et des scènes de nudité. C’est une personne qui va venir essayer de créer une culture du consentement à l’échelle de la production, qui va venir ouvrir un espace où les interprètes vont pouvoir exprimer leurs limites et qui va faciliter le processus chorégraphique afin de faire matcher ce qu ‘un réalisateur ou une réalisatrice a imaginé avec ce qui est acceptable ou non de faire pour un artiste.

Au début, vous étiez juriste. Comment êtes-vous devenue coordinatrice d’intimité ?

Oui, ça fait très longtemps que j’étais juriste et puis à un moment, j’ai arrêté, parce que j’avais envie de travailler dans le cinéma. J’ai fait une école de cinéma et après mes études, j’ai entendu parler de ce métier aux États-Unis. Ça a été assez déclencheur pour moi dans le sens où ce métier et les raisons pour lesquelles il a été créé avaient énormément de sens pour moi. J’avais le sentiment de pouvoir apporter quelque chose de nouveau et d’utile à l’industrie du cinéma, de l’audiovisuel et plus largement dans le spectacle vivant.

Pendant un tournage, à partir de quel moment c’est obligatoire d’avoir une coordinatrice d’intimité sur le plateau ?

En France, il n’existe aucune obligation. C’est au bon vouloir des producteurs ou des comédiens et comédiennes qui demandent à leur producteur d’être accompagnés, quand ils ont un projet où il ya de l’intimité. Mais il n’existe pas d’obligation en tant que telle.

Lors des Assises pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, plusieurs personnes, une actrice, une réalisatrice, une directrice de casting, une assistante de réalisation ont raconté leur expérience en indiquant que la présence d’ une coordinatrice d’intimité – qui est là pour veiller à ce que les limites soient respectées – a donné plus et pas moins de liberté pour faire le film. N’est-ce pas paradoxal ?

On n’est pas la police des bonnes mœurs. On n’est pas une forme de censure. On n’est pas là pour gommer la sexualité ou la nudité. Ce n’est pas du tout le propos. Au contraire, il s’agit de soutenir la mise en scène dans ses intentions et de faire en sorte que les comédiens puissent travailler ce contenu intime dans un cadre professionnel et éthique. Et à partir de là, souvent, les artistes sont beaucoup plus à l’aise et veulent parfois bien aller plus loin que ce qui était imaginé au départ.

Quels sont les dangers auxquels les acteurs et les actrices sont exposés lors d’un tournage ?

Il y a plein de dangers autour d’une scène d’intimité ou d’une scène de nudité. Déjà, on travaille son propre corps. Quand on travaille, c’est notre corps qui est touché. Quand on embrasse, c’est vraiment notre bouche qui est touchée. Quand on n’a rien préparé du tout, ça peut mal se passer. Un partenaire peut prendre le dessus sur l’autre. On peut se bénir, bénir physiquement, émotionnellement. Quand ça se passe mal, ça peut réveiller des traumatismes. Tout ça, ce sont des risques qu’il faut prendre en compte, comme une cascade. On ne demande pas à un comédien de sauter par la fenêtre juste en ouvrant la fenêtre et de lui dire : « faire sauter ! », ce n’est pas possible. On engage quelqu’un qui va régler, qui va informer, qui va aider à chorégraphe, qui va soutenir. C’est la même chose pour les scènes d’intimité.

Quelles sont les compétences nécessaires pour devenir coordinatrice d’intimité ?

Aujourd’hui, il existe des formations dans les pays anglo-saxons. Ces formations comprennent différents modules comme travailler sur le consentement, les limites, la chorégraphie, comment faciliter la communication, la représentation des corps à l’écran…

Vous avez longtemps été la première et seule coordinatrice d’intimité en France. Combien il y a en a aujourd’hui ?

Aujourd’hui en France, quand on parle de coordinatrices d’intimité qui ont vraiment suivi un véritable cursus, et pas s’étant improvisé, il y en a trois.

C’est un métier qui vient des États-Unis. Le terme « coordinatrice d’intimité » a été créé en 2004, et en 2016 a été créé la première agence de coordinateurs d’intimité, Intimacy Members International (IDI), peu avant le mouvement #MeToo. Aujourd’hui, la France, est-elle plutôt en retard ou en avance en Europe ?

Je ne vais pas parler de retard, parce que ça n’a pas mis 30 ans à traverser l’Atlantique quand même. Même aux États-Unis et dans les pays anglo-saxons, même si ça pouvait un peu exister avant le mouvement #MeToo, mais de manière très artisanale, c’est quand même le mouvement #MeToo qui a été un coup de projecteur et un accélérateur à des prises de conscience permettant que ce métier existe aujourd’hui. Maintenant, il faut que ça se développe en France.

Où ça bloque le plus aujourd’hui en France ?

En fait, je pense qu’il y a encore beaucoup de méconnaissance. Beaucoup de metteurs en scène et metteuses en scène ne connaissent pas notre métier et vont donc y poser des fantasmes qui sont faux. Par exemple, quand ils ont l’impression qu’on va venir pour les freiner dans leur créativité, qu’on va recouvrir les gens. Beaucoup de fausses idées sont véhiculées sur le métier et il faut encore faire preuve de pédagogie.

Qui dit #MeToo pense aux affaires Weinstein, Polanski, Christophe Ruggia (Adèle Haenel) ou Depardieu… Avec plus de coordinatrices d’intimité dans le cinéma ou dans l’audiovisuel, pourrait-on dorénavant éviter ce genre de scandales ?

Les scandales et les affaires dont vous parlez, ce sont des choses qui se sont passées en dehors du plateau. Mais je pense qu’aujourd’hui, embaucher un coordinateur ou une coordinatrice d’intimité, c’est un signe fort de la part d’un producteur qui dit ainsi : « attention, maintenant, on travaille de manière éthique et professionnelle même les scènes d’intimité ». Peut-être, si on avait des instruments comme ça depuis un certain moment, il y a des comportements qu’on se serait peut-être abstenus d’avoir.

Aujourd’hui, en France, il y a trois coordinatrices d’intimité. Est-ce un métier de femmes ?

Ce n’est pas un métier genre. En France, il n’existe pas de coordinateur, mais bien entendu qu’aux États-Unis, en Angleterre, il en existe. Il y a de très bons coordinateurs d’intimité.

Le site de Monia Aït El Hadj, première Coordinatrice Intimité en France

5e édition des Assises pour la parité, l’égalité et la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel, organisées le 11 décembre par le Collectif 50/50 à l’Institut du monde arabe

Bibliographie :

Climat et écocitoyens/Énergie Partagée : implication citoyenne pour la transition énergétique.,Infos sur l’ouvrage.

La France d’Antonio Gramsci.,Ici .

, Informations française: «On n’est pas là pour gommer la sexualité»Vous pouvez lire ce post traitant le sujet « La dictature numérique ». Il est produit par la rédaction de infodictat.fr. Le site infodictat.fr a pour objectif de publier plusieurs articles autour du sujet La dictature numérique développées sur le web. Cette chronique se veut générée de la façon la plus juste qui soit. Pour émettre des remarques sur ce dossier autour du sujet « La dictature numérique » prenez les contacts indiqués sur notre site internet. En consultant régulièrement nos contenus de blog vous serez au courant des futures parutions.